Citations de Jacques Ferron (courtes)

Ce qui est sans forme est sans couleur.
Un jour viendra où le principal avantage d'apprendre la médecine sera de se protéger contre les médecins.
C'est l'architecture qui exprime d'abord une civilisation.
Entre hommes d'honneur la complicité est comme l'amitié ; elle demande une longue préparation.
Trop de parenté, ça rend parfois orphelin.
Le plaisir aigu, c'est le bonheur d'une souffrance.
On doit laisser parler les jeunes gens ; pendant ce temps ils vieillissent.
Le noir, c'est la seule couleur qui ne change pas.
Souvent on se cherche faute de savoir aimer.
Toute vérité est bonne à dire, à condition d'avoir du pittoresque, de la verdeur, de l'originalité.
Petit coup de vent, c'est le bon Dieu qui soupire.
L'équitation est la plus noble expression d'une union charnelle.
Le plus souvent la poésie traduit soumission, défaite, veulerie, désarroi.
Il ne suffit parfois que d'un jésuite pour faire gober tous les autres.
Le silence renferme toutes les vérités ; la parole porte tous les mensonges.
La distorsion de la forme sur le fond, voilà la vraie poésie !
La bonne foi ne sert qu'à se tromper soi-même.
Un homme qui prétend se connaître est un grand ignorant sentencieux.
La nuit est comme un sanctuaire, elle porte à l'intimité.
La colère est fatale à la raison, comme d'ailleurs la justice.
C'est par la servitude qu'on devient une âme damnée.
Avec un peu d'obstination et de solitude n'importe qui peut faire des livres.
On n'a pas le droit de juger quiconque à son insu.
Le plus aigu du mal vient de la peur.
A trop se donner on s'abandonne.
Le passé n'est rien si l'avenir reste intact.
C'est à la peur qu'il surmonte qu'on mesure le courage.
Un homme et une femme libres ont plus de dispositions pour s'estimer que pour s'aimer.
On intervient toujours trop tôt dans la vie des autres.
Dans un pays analphabète, l'écrivain est toujours respecté.
Et si la folie n'était qu'une révolte contre ce qui offense l'humanité ?
Qu'est-ce que voir ? C'est d'abord se mettre au centre du monde.
C'est par un amour surhumain qu'on dépasse sa nature.
Une maison qu'est-ce au juste ? Selon l'idéogramme chinois, un toit, une femme.
Un peuple qui compte sur une autre y perd son âme et sa foi.
Quand une guerre est mûre, elle éclate toujours pour une bagatelle.
Le langage est la demeure de l'âme.
Il faut finir par se convertir à l'homme, un jour ou l'autre, et au bon Dieu ensuite.
Les bourreaux sont comme les diables : c'est l'ennui qui les enrage contre leurs victimes.
On ne peut pas s'aimer et ne pas s'assommer.