Citations de Jorge Luis Borges (courtes)

Penser c'est oublier des différences, c'est généraliser, c'est abstraire.
Ordonner une bibliothèque est une façon silencieuse d'exercer l'art de la critique.
Il n'est pas nécessaire de construire un labyrinthe quand l'Univers déjà en est un.
Les dictatures fomentent l'oppression, la servilité et la cruauté ; mais le plus abominable est qu'elles fomentent l'idiotie.
Seul le bonheur est sans mystère, car il se justifie par lui-même.
Aveugle pour les fautes, le destin peut être implacable pour les moindres distractions.
Ce qui est bon n'appartient à personne.
A elle seule, la vie est une citation.
Toute la métaphysique n'est qu'une partie de la littérature fantastique.
Il y a un plaisir mystérieux dans le fait de détruire.
Un grand poète est moins un inventeur qu'un éclaireur.
Blâmer et faire l'éloge sont des opérations sentimentales qui n'ont rien à voir avec la critique.
Un gentleman ne peut s'intéresser qu'à des causes perdues...
Mourir pour une religion est plus simple que de la vivre pleinement.
Le rêve d'un homme fait partie de la mémoire de tous.
Etre amoureux, c'est se créer une religion dont le dieu est faillible.
Modifier le passé n'est pas modifier un seul fait: c'est annuler ses conséquences qui tendent à être infinies.
Dans tous les cas, la poésie est antérieure à la prose : on dirait que l'homme chante avant de parler.
La mort (ou son allusion) rend les hommes précieux et pathétiques.
La gloire est une incompréhension, peut-être la pire.
Une destinée ne vaut pas plus qu'une autre, mais tout homme doit respecter celle qu'il porte en lui.
Penser, analyser, inventer ne sont pas des actes normaux, ils constituent la respiration normale de l'intelligence.
Ce qui importe ce n'est pas de lire mais de relire.
L'ambiguïté est une richesse.
Que le ciel existe, même si ma place est en enfer.
Il n'y a pas de plaisir plus complexe que celui de la pensée.
L'oubli et la mémoire sont également inventifs.
À tous la vie donne tout, mais la plupart l'ignorent.
Dormir est se distraire de l'univers.
Le combat peut être une fête.
La démocratie, ce curieux abus de la statistique.
Le langage est un ensemble de citations.
Expliquer un fait, c'est l'unir à un autre.
Les années ne modifient pas notre essence, si tant que nous en ayons une.
Les raisons qu'un homme peut avoir pour en haïr un autre ou l'aimer sont infinies.
Il n'y a pas d'exercice intellectuel qui ne soit finalement inutile.
Les songes des hommes appartiennent à Dieu.
Les miroirs et la copulation sont abominables, parce qu'ils multiplient le nombre des hommes.
Nous pouvons mentionner ou évoquer, mais jamais exprimer.
La gloire agrandit.