Citations de Karl Kraus (courtes)

Le parlementarisme, c'est la réglementation de la prostitution politique.
Bien écrire sans personnalité peut suffire pour le journalisme. A la rigueur pour la science. Jamais pour la littérature.
Les châtiments servent à l'intimidation de ceux qui ne veulent commettre aucune faute.
Le journaliste est stimulé par l'échéance : il écrit plus mal quand il a le temps.
La psychanalyse est cette maladie mentale qui se prend pour sa propre thérapie.
La vérité est un serviteur maladroit qui , en nettoyant, casse les assiettes.
Le plaisir érotique est une course d'obstacles. L'obstacle le plus attrayant et le plus populaire est la morale.
Le monde est une prison où il vaut mieux occuper une cellule individuelle.
L'usage exige qu'un sadique reconnaisse le meurtre mais non pas le plaisir.
La langue est la mère, non la fille de la pensée.
L'imagination a le droit de se griser à l'ombre de l'arbre dont elle fait une forêt.
Le diable est optimiste s'il pense pouvoir rendre les hommes pires qu'ils ne sont.
Vice et vertu sont parents comme diamant et charbon.
Psychanalyse : une maladie qui se prend pour son remède.
Si une personne se porte comme un charme, le meilleur traitement c'est de lui expliquer de quoi elle souffre.
L'immoralité de l'homme triomphe de l'amoralité de la femme.
Anesthésie : plaie sans douleurs. Neurasthénie : douleurs sans plaies.
On ne peut dicter un aphorisme à une machine à écrire. Cela prendrait trop de temps.
La parole écrite doit être l'incarnation naturellement nécessaire d'une pensée et non la livrée mondaine d'une opinion.
L'idéal de la virginité est l'idéal de ceux qui veulent dépuceler.
L'aphorisme ne coïncide jamais avec la vérité : il est soit une demi-vérité, soit une vérité et demie.
Un aphorisme est soit une demi-vérité soit une vérité et demie.
Ils traitent une femme comme une boisson désaltérante. Que les femmes aient soif, ils ne veulent pas le tolérer.
L'attribut le plus sacré d'un temple, c'est que c'est un endroit où les hommes pleurent ensemble.
Le surhomme est un idéal prématuré qui suppose l'homme.
Le bibliophile est à peu près à la littérature ce que le philatéliste est à la géographie.
La perversité est le don d'additionner des valeurs imaginaires et des sensations en un idéal.
Les journaux ont à peu près le même rapport à la vie que la cartomancienne à la métaphysique.
Les remords sont les plaisirs sadiques du christianisme.
Les aliénés sont toujours reconnus par les psychiatres au fait qu'après l'internement, ils montrent un comportement agité.
Qui enfonce les portes ouvertes n'a pas à redouter qu'on lui casse les vitres.
On considère comme normal de vénérer, en général, la virginité et d'aspirer ardemment, en particulier, à sa destruction.
La solitude serait un endroit idéal si on pouvait choisir les gens qu'on évite.
En amour, il importe seulement de ne pas paraître plus sot qu'on ne le devient.
Il est grand temps que les enfants éclairent les parents sur les mystères de la vie sexuelle.
Que celui qui a quelque chose à dire s'avance et se taise.
Les confiseurs de l'esprit livrent des fruits confits de lecture.
Ne pas avoir d'idées et savoir les exprimer : c'est ce qui fait le journaliste.
Les psychanalystes sont les voleurs à la tire de nos rêves.
Plus on serre un mot de près, et plus il le prend de haut.
"Que voulez-vous, nous sommes tous humains", n'est pas une excuse, c'est de la présomption.
Les morsures de la conscience sont les motions sadiques du christianisme.
Ecrire un feuilleton consiste à faire des boucles sur une calvitie.
Malades, la plupart des gens le sont. Mais seuls les psychanalystes y voient un titre de gloire.
L'un écrit parce qu'il voit ; l'autre parce qu'il entend.
Une femme qui aime les hommes n'aime qu'un homme.